Ca n'empêche pas d'exister...

 

Il est évidemment assez artificiel de séparer théorie et clinique. Chacun des deux aspects se complète, et leur interpénétration suppose un mouvement dialectique, qui permet de stimuler l’une par l’autre. La théorie permet de voir ce qu’on n’aurait sans doute pas perçu sans elle, la clinique permet de remettre en question la théorie, évitant que celle-ci soit figée et devienne un enfermement.

 

« Nous avons constamment à choisir entre ce que R. Kaes a dénommé «position mythopoétique» et «position idéologique» . La position idéologique est une attitude de fermeture, d'accrochage défensif à un certain savoir, à un objet idéalisé qui « ne tolère pas l'écart différentiel entre le désir et l'objet, entre le dedans et le dehors, entre le soi et l'environnement ». C'est à partir de cette position qu'une assignation univoque, récusant ambiguïté ou paradoxe, veut ne voir qu'une tête (pour ne pas la perdre ... ).

 

La position mytho‑poétique, au contraire, « admet l'ouvert, la transformation, et les remaniements dans les assignations. Elle accepte la polysémie». Notons que pour pouvoir être tenue, elle suppose qu'aient été installées « les conditions nécessaires pour que la tolérance au paradoxe soit possible et que le paradoxe, c'est‑à‑dire la continuité dans la rupture, soit élaboré». R. Kaes ajoute : « Nous sommes là au coeur de la transitionnalité », et tout Psychanalyste Rêve Eveillé lisant ces lignes pourra dire « Nous sommes là au coeur de ce que le rêve‑éveillé en séance représente dans une cure analytique R‑E ».


Cette tentation de la fermeture, du repli sur un faux savoir constitué en savoir total (faux parce que se voulant sans faille) est donc inscrite au coeur de chacun d'entre nous, si l'on se réfère aux positions névrotique, perverse et psychotique avec lesquelles nous n'en avons jamais tout à fait terminé. L'illusion d'un savoir totalisant (essayant d'éviter l'angoisse, et la reconnaissance de ce que Jacqueline Cosnier nomme « la béance constitutive de l'esprit humain ») est la voie facile en apparence. Et elle peut aisément s'installer au coeur même des lieux censés en être les plus à l'abri tels que le discours scientifique ou le discours psychanalytique. Certains écrits "psychanalytiques" dégagent ce parfum totalitaire, avec l'injure toujours prête, le sarcasme envers tout ce qui n'est pas de la chapelle, le langage truffé de signifiants codés à usage de reconnaissance des membres de la secte, etc. Face à de tels discours on ne peut qu'éprouver un malaise : quoi, tel grand scientifique, particulièrement susceptible de savoir que rien n'est définitivement acquis, s'exprime comme s'il n'y avait désormais plus de faille, plus de doute ! Partagé entre l'acquiescement aux vérités qu'il énonce et le refus du savoir absolu dont il cherche à nous illusionner, on a l'impression d'avoir à se soumettre ou à se démettre. Il s'agit, en fait, de retenir ce qui paraît valable dans ce discours, c'est‑à‑dire efficient à l'intérieur de la structure de connaissance de l'époque, sans se laisser fasciner ni rebuter par l'aspect idéologique. » (citation tirée d’un article de Jean-Marc Henriot)


Cette capacité de supporter le « toujours en mouvement » entre les pôles cliniques et théoriques suppose l’acceptation du fait que les écrits de ce site seront forcément imparfaits, inachevés, en évolution. Mais tels quels ils peuvent utilement servir, pensons nous, de thèmes de réflexion.


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