Le Cadre – Introduction

 

 

Séminaire du GIREP du 3 octobre 2005
Plan de l'intervention personnelle de Jean-Marc Henriot

 

 

Qu’est-ce que la psyché ?

 

 

En s’appuyant sur Didier Anzieu, on pourrait dire qu’elle se caractérise par trois fonctions :

 

v penser les pensées

 

v contenir les affects

 

v transformer l’économie pulsionnelle

 

Penser les pensées

 

Observons à ce propos la différence, de mon point de vue, entre « pensée » et « mentalisation » (ou « rumination »). La pensée est sous le signe du lien = Eros, cependant que la rumination est sous le signe de la répétition = Thanatos, décollée du corps

 

v Différence entre pensée et rumination

 

v Pensée : sous le signe du lien, Eros

 

v Rumination : répétition, Thanatos

 

Contenir les affects

 

Avant de contenir les affects, la psyché a pour tâche de les reconnaître comme tels (différence avec la somatisation)

 

Transformer l’économie pulsionnelle

 

Faire passer la pulsion au tamis de la réalité ; réalité interne (Surmoi), réalité externe (limites) et voir ce qui peut s’exprimer in fine (sublimation, et capacité à supporter la frustration)

 

Qu’est-ce qui permet ce fonctionnement de la psyché ?

 

Pare-excitation (Freud), Ecran protecteur (Anzieu), Contenant des contenus (Bion), Conteneur (Kaës)

Problématique, à ce propos, des Etats-limites et psychotiques

Nécessité que celui-ci instaure :

´  la différence quant au dedans-dehors

´  la sécurité quant aux fantasmes

 

Problématique des névrotiques

Il s’agit de deux points fondamentaux pour supporter de penser et d’être créatif = être humain et vivant

 

Surface interne de formalisation (écran projectif. Anzieu)

 

´  donner une représentation aux affects et aux éprouvés corporels (mouvement inverse de celui du refoulement) à symbolisation

´  gérer le niveau d’excitation (en provenance du dedans ou du dehors) :

´  une partie de celle-ci est le moteur même de la pensée : l’énergie exige d’être liée

´  éventuellement le trop plein peut donner lieu à décharge (sport, communication, sexe)

RE et/ou interprétation

 

 

Non-passage à l’acte

Corps au repos

Elaborer les désirs et les moyens de leur réalisation

 

Capacité à faire des liens

Place à Eros

 

Comment est-ce que ceci s’établit ?

 

 

Fonction contenante (cf. matrice)

 

´ Limite (avoir élaboré la castration et la gestion des frustrations)

 

´ Stabilité souple (cadre ferme avec de petites variations possibles ; le cadre interne stable du thérapeute permet que soit digéré de petites attaques du cadre externe)

 

´ Fond permettant la forme (nécessité de son invisibilité, de son silence. Cf. Gestalt)

 

Fonction symbolisante

 

C’est seulement à ces conditions que l’aire de jeu qui va permettre la symbolisation pourra s’établir.

 

Le cadre doit pouvoir supporter les attaques sans être détruit à introjection d’une bonne imago maternelle de base (matrice) mais paternelle (loi bonne).

 

 

Quelques remarques supplémentaires :

 

´ En fait la « bonne distance » est délicate à trouver car elle répond à deux nécessités :

 

1. celle de s’ajuster à ce dont le patient a besoin afin que la distance du thérapeute ne reproduise pas le trauma (carence ou intrusion)

 

2. celle de préserver sa propre capacité à penser d’analyste

 

´ le cadre en tant que fond silencieux, que non-Moi permettant au Moi d’apparaître, récolte le transfert du fond silencieux sur lequel s’est bâti la personnalité. Ce fond c’est l’introjection des imagos parentales primaires (contenance M et limite P)

 

v si celles-ci peuvent être silencieuses (càd symbiotiquement intégrées et donc non repérables) alors un sentiment d’identité stable en découle : la maison peut être bâtie sur des fondations qui restent invisibles, sous terre, mais qui sont la condition indispensable

 

v si la symbiose est mal réalisée et / ou que les imagos ont été déficitaires, le socle de base est troué. Il comporte des zones dures (noyaux agglutinés) mais celles-ci ne sont pas reliées et accrochées.

 

´ la fin du cadre d’une analyse c’est l’acte de séparation, et non l’interprétation du cadre. Du coup, il va se passer un travail psychique intense de restauration d’un cadre interne chez le patient, par introjection du mode de fonctionnement précédent non pas du psychisme de l’analyste (ou pas seulement) mais de l’ensemble analytique, soit cadre + processus + intersubjectivité. Ce qui va donner :

 

v contenant psychique fort

 

v facilité à créer des liens internes et à symboliser ; capacité aux liens externes

 

v dialogue entre les diverses parties de soi-même

 

Le patient développe son propre thérapeute interne.


 

 

Quelques questions destinées à stimuler notre théorisation

 

 

1. Poser le cadre externe a-t-il un rapport avec :

 

v la Loi, l’imago paternelle, l’animus, l’appartenance de l’analyste à une école, les limites

 

v ou bien l’accueil, la matrice contenante, l’imago maternelle, la capacité de l’analyste à être une bonne mère, l’anima

 

Et dans ces cas, qu’est-ce que cela suppose du cursus préalable de l’analyste, et du sexe de l’analyste ?

 

2. En quoi le RE constitue-t-il lui-même un redoublement, une isomorphie à la cure, avec son propre cadre contenant et son propre processus symbolisant ? Quelles sont les conditions pour qu’il s’établisse ainsi ?

 

Si cette hypothèse est juste, qu’est-ce que cela suppose comme conséquences sur le transfert et donc sur l’interprétation ?

 

3. Existe-t-il un cadre interne à l’analyste, qui tapisse et double le cadre externe ? si oui : comment se constitue-t-il, de quoi est-il fait, quelle est sa fonction lorsque le patient attaque le cadre externe ?

 

4. Peut-on parler, au-delà de « l’alliance de travail », d’un « transfert de base » qui serait en rapport avec la pulsion d’attachement (Bowlby) ? Y aurait-il dans ce cas une « transfert pour interpréter » et un « transfert à interpréter » ? Faut-il interpréter alors ce transfert de base, en rapport avec l’interprétation du cadre ?

 

5. Y a-t-il un risque que le cadre externe, avec sa répétition immuable, devienne surchargé de Thanatos (immuabilité, immobilité) et piège l’Eros du processus ?

 

Comment est-ce que ceci se joue ou se déjoue dans le cadre particulier d’une Analyse RE ?

 

6. En quoi consiste la neutralité de l’analyste ? A-t-elle un rapport avec la « bonne distance » ? Fait-elle partie des éléments du cadre ?

 

7. Y a-t-il un lien, pour le patient, entre sa façon d’habiter le cadre et sa façon d’habiter son corps ?

 

8. Pourquoi le « mouvement » à l’intérieur du RE est-il souhaitable et même nécessaire ?

 

9. Pourquoi la proposition de RE émane-t-elle, dans un premier temps, de l’analyste ? Pendant combien de temps l’analyste doit-il faire ces propositions ? Pourquoi, dans un temps ultérieur, ceci est-il devenu l’affaire du patient ?

 

10. Pourquoi, de mon point de vue, est-il souhaitable lors des premiers RE d’être relativement directif ? Pourquoi faut-il écrire le RE du patient et lui proposer de l’écrire lui-même ? Pourquoi est-il souhaitable de ne pas trop interpréter ces premiers RE ? (Toutes ces questions en rapport avec « le cadre du RE »)

 

 

 

Réponses dans vos réflexions, dans vos cures, dans vos lectures, et / ou lors de prochaines journées du Séminaire !

 

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